Bulletin d’information n°6

Édito

Depuis une année nous vivons une période troublée et étonnante. Un virus a changé notre vie, nous voilà par intermittence, confinés, dé-confinés, victimes d’un couvre-feu. Nos activités sont plus ou moins en berne. Nous sentons chez chacun une perte de repères, une anxiété plus ou moins révélée, une certaine souffrance, une lassitude. Dans notre famille Emmaüs ce même perturbateur a sévi. Nous avons été confrontés au virus dans certains groupes, obligés de fermer nos bric-à-brac sur décision du gouvernement. Malgré tout cela nous résistons et continuons d’exister, d’être au service des plus faibles en leur proposant des produits à bas coûts.

Notre mouvement a vécu et vit des turbulences qui nous interrogent. Nous avons pendant cette période difficile fait appel à nos donateurs pour nous aider, ils ont répondu  généreusement, nous les en remercions.

Aujourd’hui il faut se ressaisir et garder vigoureusement nos valeurs et nos fondamentaux. Il est important de se rappeler qui nous sommes et vers quoi nous voulons aller : Il s’agit à la fois de lutter pour remédier aux causes de la misère mais aussi de secourir ceux qui en ont le plus besoin.

Notre fierté communautaire, comme nous l’a rappelé incessamment l’Abbé Pierre est de vivre de notre travail de récupération et de l’accueil avec cette phrase mythique

«viens m’aider à aider» .

ces quelques mots résument toute la vie et l’animation des communautés. Notre devoir est de vivre de nos fondamentaux, comment oserions-nous nous en éloigner ? continuons à rester ce que nous sommes au travers de nos valeurs partagées Accueil, Activités, Solidarité, Interpellation…

Pierre

Accueil – Première partie

Il y a en France 123 Communautés, EMRA est à ce jour la plus petite en matière d’accueil. Ici, actuellement, 5 personnes sont hébergées. La Maison dite « de Maître »,   réhabilitée, permettra un accueil supplémentaire, soit de quatre compagnons ou de familles, car à la création de la communauté, la mixité avait été posée comme une évidence. Et donc à terme nous pourrions accueillir 10 Compagnes ou Compagnons.

Le Compagnon/la Compagne est la personne qui arrive un jour, qui pose ses valises… et repart quand il ou elle veut, au bout de dix minutes, dix jours ou dix ans. Le  principe de liberté du départ est un des fondements principaux des communautés Emmaüs. Quand une personne arrive, on ne lui pose pas de questions. L’Abbé Pierre disait « Bonjour, ici on t’aime ». Rien n’a vraiment changé. Pour ma part j’emploie « Bonjour et Bienvenue, j’ai besoin de toi mais rassure-toi, tu as le temps ». On lui explique qu’il va dormir dans une chambre, se lever à l’heure, prendre son petit déjeuner avec les autres, qu’il va bosser et essayer de bien faire son travail. Ainsi, il reprendra confiance en lui et pourra repartir. Cela paraît anodin, mais le demander à quelqu’un qui a vécu dans la ou sans espoir, c’est énorme. Aussi parce que la vie communautaire a ses règles, le vivre ensemble cela s’apprend et demande des concessions. À l’époque de l’Abbé Pierre, il s’agissait de personnes refusant le système ou des accidentés de la vie, souvent suite à une rupture familiale ou à un licenciement. Généralement âgés entre 40 et 60 ans. Aujourd’hui ce type de personnes n’est plus majoritaire. Se présentent des jeunes de 18 à 25 ans n’ayant plus d’attaches familiales, des femmes avec ou sans enfants, et des étrangers fuyant leur pays pour des raisons politiques ou économiques.

Nous pratiquons un accueil inconditionnel, mais la vie en Communauté est soumise à conditions. Une des conditions est de participer, avec les autres, suivant ses possibilités, à la réception des objets donnés, aux activités de la Communauté. Donc de permettre à la Communauté de dégager les ressources qui lui permettent d’accueillir. Une autre condition est d’oser dire que « ta place n’est pas ici, que ce n’est pas la vraie vie ». En même temps, au regard de la dureté de la vie dans la société actuelle, laisser repartir un jeune sans formation, sans diplôme, livré à lui-même serait atroce. Alors nous essayons de l’aider à trouver sa voie. Et puis nous avons l’interpellation des pouvoirs publics et de la société en général. Car Emmaüs est une alternative, un levier, un tremplin mais ne peut seul répondre aux injustices et à la misère. C’est le devoir de chacun de s’insurger et de proposer une vision de société basée sur la protection des plus faibles, une vision de la société qui n’oppose pas les uns aux autres.
Conscientes donc des besoins des personnes accueillies, différents des besoins de la première heure, les Communautés Emmaüs évoluent en offrant à chacun des formations adaptées. Formations liées à l’activité mais aussi culturelles et même civiques.
Et les Communautés Emmaüs sont ouvertes de plus en plus vers le monde extérieur.  Nous essayons d’aider… Et nous avons besoin de votre présence et de votre détermination pour aider à aider.

Éric & Jean-Pierre

► Commission Solidarité : Pari  tenu : le conteneur pour le Pérou est bien arrivé !

Plus de 900 cartons, 67 vélos et du matériel ont été chargés le 10 décembre sur le site d’EMRA. La coopération financière et des dons des différents membres d’EMRA, ainsi que les dons de l’Entraide de Romagnieu ont permis de remplir à ras bord ce container. Nous étions assez anxieux de l’acheminement du container dans le contexte du confinement en Europe mais aussi au Pérou. Les conditions économiques et sanitaires déjà difficiles sont devenues très éprouvantes pour les communautés Emmaüs et la population. Notre transporteur nous avait prévenu d’un nombre indéterminé de containers qui tombaient en mer. Mais après quelques difficultés dans le dédouanement, le container est arrivé en bon état à la Communauté d’Aguila Emmaüs Piura, chargée du stockage et de la répartition auprès des autres communautés péruviennes. Nous espérons réaliser d’autres actions solidaires dans l’année sous l’égide d’Emmaüs International.

Brigitte

► Commission Activités culturelles ou loisirs – Les activités culturelles et de découvertes au sein de la communauté

 Nous avons été obligés, comme tout le monde, de renoncer au fur et à mesure à tous les spectacles choisis au Grand Angle. Il reste quelques spectacles au mois d’avril et de mai auxquels nous espérons assister dans le cadre de notre abonnement. Notre commission Culture s’est endormie dans l’hiver dans le contexte du Covid, mais s’est réveillée au début du printemps pour envisager des sorties culturelles et de découvertes. Nous espérons faire une sortie vélo fin mars ou début avril pour découvrir ensemble la Via Rhôna. Notre projet de visiter Annecy se réalisera dès la réouverture des sites historiques comme le Château d’Annecy et la vieille ville. Nous serons également attentifs à toutes les manifestations locales pour soutenir le spectacle vivant si durement touché par la pandémie et proposer notre participation aux compagnons, bénévoles et salariés de notre communauté. Nous sommes, pour certains bénévoles, abonnés au Ciné club de La-Tour-du-Pin et nous sommes fin prêts pour emmener les compagnons aux séances cinéma à La-Tour mais aussi dans les salles aux alentours. Nous avons fait, en janvier, une séance cinéma «maison » avec la location du dernier Tarantino : «Once upon a time on Hollywood» avec un vidéo projecteur pour se retrouver malgré tout dans le respect des consignes des gestes barrières. Cette séance a été bien appréciée par les compagnons mais rien ne remplace une bonne séance de cinéma.  Le programme à venir de nos activités se veut ambitieux pour conjurer dans la joie et le partage, ce Covid qui a tant réduit nos libertés et nos liens d’amitié

Pierre

► Commission Formations

Au-delà, EMRA va relancer le planning de Formations qui avait dû être suspendu lors du premier confinement. Destiné aux Compagnons et Compagnes accueillis dans les Communautés, aux salariés des groupes Emmaüs, aux bénévoles, il couvrira les champs suivants : Gestes et postures, Tri et valorisation des dons d’objets, Tri des déchets, Tri des matières, Habilitation électrique, Gros électroménager, Premier Secours, certification CléA, C.A.C.E.S, Cuisine et Hygiène alimentaire. La majorité des sessions doivent être mises en place avant l’été.

Jean-Pierre